Chapitre XI -Une petite vie nouvelle
Deuxième partie
Extrait – pages 247 – 248 – 249 – Une petite vie nouvelle
Les précautions étaient celles de la méthode Ogino avec les risques, qu'elle comportait. Il s'avéra qu'ils se concrétisèrent ! Je me trouvais bientôt enceinte avec la promesse d'une petite vie nouvelle pour le mois de septembre suivant. Mais j'étais contente, car Philippe allait avoir six ans et cela faisait déjà beaucoup d'écart entre deux enfants. J'espérais de tout mon cœur, comme une gamine, que l'enfant que je portais était de Jacques, sans chercher plus loin, ni mesurer les conséquences, ni l'avenir, tout à mon bonheur d'aimer et d'être mère.
Jacques était tout ému et souhaitait en être le père. La situation devenait délicate, car Grégoire, cette fois-ci, semblait être content de l'arrivée d'un second enfant. Je le soupçonnais bien un peu de se dire, en son for intérieur, qu'ainsi je serais bien occupée ! …
... Les mois passèrent, l'ardeur de notre passion ne faiblissait pas, mais nous n'osions évoquer l'avenir. Jacques dont le sursis expirait vers la fin de l'année 1962, savait qu'il aurait le service militaire à faire et un métier à se forger et nous savions trop bien qu'il ne nous fallait faire aucun projet dans l'immédiat. ..
... Jacques ne fit la connaissance de l’enfant que lorsque je commençais à la promener aux squares voisins dans son landau. Il était bien difficile de trouver une ressemblance quelconque… Sylvie n'était pas physiquement du côté maternel et il fallut un certain nombre d'années pour tirer une conclusion.
Il nous était pratiquement impossible de nous rencontrer intimement dans cette période qui suivit la naissance de Sylvie. Pourtant, Jacques reçut sa feuille de route et sut qu'il était incorporé courant janvier 1963. Bien qu'attendu, le coup fut rude, et éplorés de ne pouvoir être plus proche en attendant ce départ, nous résolûmes de nous revoir pendant que Philippe était à l'école et que Sylvie dormait.
Extrait – page 250 - La séparation
... Durant ces longs mois d'absence, notre seul lien était le courrier qu'il m'adressait poste restante, une à deux fois par semaine. Cet échange ardent nous aidait à attendre la permission lointaine, le cœur gros d'un chagrin rentré. Heureusement que la joie d'élever ma fille, cette fois bien à moi, car maman était moins présente, compensait un peu l'absence de celui que j'aimais...
Extrait – page - 252
... Grégoire rentré de prospection la veille, s'endormit sur le canapé, le samedi après-midi et je décidai, comme le temps n'était pas trop mauvais, d'aller jusqu'au square Tenon avec les enfants qui avaient besoin de bouger et risquaient de réveiller leur père.
Bien couverte, je m'assis sur un banc pendant que les enfants jouaient. Il se passa trois quarts d'heure peut-être, lorsque je vis arriver Grégoire, l'œil sombre et l'air courroucé. Il vint vers moi et me dit :
-“Tu rentres, appelles les enfants et suis-moi”.
Je lui demandai s'il était arrivé un malheur, d'un air interrogatif et inquiet ? Il me regarda froidement et méchamment et me répondit :
-“Oui, en effet ! Cela fait plusieurs semaines que j'oublie de prendre ma clef, alors je l'ai cherchée pour venir te rejoindre ainsi que les enfants et tu devines ce que j'ai trouvé ?”...
Extrait – page 253
...Je lui jetai un regard en biais. Son air sombre ne laissait rien augurer de bon. Je me souvins qu'il m'avait dit avant notre mariage, le jour même où je lui avais sacrifié ma jeunesse parce qu'il parlait de suicide, que si je le trompais, il me tuerait ainsi que l'homme qui voulait me prendre à lui, cette menace ayant été le remerciement de ma pitié...
Extrait – page – 255
...Le Seigneur eut pitié de moi, car en cette phase rapide de mes réflexions, Il me vint en aide, à travers la voix de Grégoire, qui dans l'attente de ma réponse et devant mon hésitation, précisa à la suite de sa question :
-“Si tu pars, tu ne reverras jamais tes enfants, comptes sur moi pour faire ce qu'il faudra pour cela !”...
Extrait – page 256
... Il m'assura qu'il se montrerait magnanime si je promettais de rompre immédiatement et de ne plus écrire. La mort dans l'âme et révolté d'un tel discours sur la magnanimité, je promis de rompre. J'étais presque déçue qu'il n'ait même pas parlé de me faire passer de vie à trépas, bien qu'il ait ajouté après son “pardon”, si ton mec avait été la, il aurait passé un sale quart d'heure. Ce qui fait que je me demandais, s'il était lâche ou toujours amoureux, en ce qui me concernait ou tout simplement réaliste, car finalement, comment se serait-il débrouillé avec les enfants, lui qui ne s'en occupait pratiquement jamais, même lorsqu'il n'était pas sur les routes ?...
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Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Deuxième partie - Chapitre XI - Une petite vie nouvelle - La séparation
"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines
Date de dernière mise à jour : 02/10/2024
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