Chapitre X - Roméo et Juliette
Deuxième partie
Extrait – pages-238 – 239 - 240
J'avais planté des géraniums, dans des pots de terre cuite posés sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Je prenais soins de mes fleurs et les arrosais dans la soirée. C'est ainsi que je remarquai, de l'autre côté de la cour, auprès d'une fenêtre souvent éclairée, un jeune homme assis à son bureau et qui jetait parfois un regard au dehors. Je le croisais plusieurs fois dans la rue, dont un matin où il accompagnait sa mère que j'entendis, un autre jour, nommée par notre boucher commun.
J'imaginais alors, une approche téléphonique de ce garçon, un après-midi où je me morfondais. Je relevais dans le Bottin téléphonique, le nom et le numéro figurant au numéro de rue, voisin du mien. Je composais l'indicatif, après m'être assurée de la présence de mon jeune voisin, tout en me demandant ce que j'allais bien pouvoir dire. J'étais comme une gamine qui fait une farce, n'en ayant jamais fait à l'âge où j'aurais dû ! ... La sonnerie résonna, mon cœur battit soudain la chamade et j'avais envie de raccrocher, mais une prémonition me poussa à persévérer. J'entendis décrocher à l'autre bout du fil, et une voix d'homme me dit : .
- “Allô !” De la mienne, que mon défunt beau-père, qualifiait d'angélique, je m'enquis si j'étais bien chez Dominique R ?… -“Non, me répondit-on, ici c'est X.H... et je suis son fils Jacques” .
-“Êtes-vous rue une telle... demandais-je ?” .
-“Non, me fut-il répondu, nous sommes au 22 rue de la Py”.
-“Ah ! M'exclamais-je innocemment, nous sommes voisins alors, j'habite au 20 et mes fenêtres donnent sur la cour commune aux deux numéros !” .
La voix se fit interrogative à l'autre bout du fil :
-“A quel étage demeurez-vous ?” .
-“Au septième, là où il y a des pots de géraniums sur le rebord de la fenêtre de cuisine”. .
-“Ah ! Je vois. Nos fenêtres sont en décalage et je vois votre petit frère à la fenêtre de la chambre parfois.” .
J'hésitai un instant, puis repris : .
-“Ce n'est pas mon petit frère, mais mon fils”. .
Une exclamation me parvint : .
-“Excusez-moi, vous faites si jeune ! Votre fils a quel âge ?”
-“Cinq ans et moi vingt-cinq.” .
-“Je vous donnais tout au plus dix-neuf ans, j'en ai dix-huit et demie”. .
Ainsi nous n'étions pas tout à fait des inconnus ! .... Je ne me souviens plus très bien si je lui ai donné une raison de ma recherche...Apparemment cela ne l'intéressait pas vraiment. Il me dit qu'il poursuivait ses études et reprenait les cours en novembre, qu'il avait un sursis militaire... Nous parlâmes de tout et de rien pendant un certain temps, puis, je lui annonçai que je devais le quitter, car j'allais chercher mon fils à l'école.
-“Je vais moi-même acheter des cigarettes, me dit-il, je vous croiserai peut-être en chemin ?” . Cela ressemblait à une sorte de rendez-vous de reconnaissance. Je répondis.
"Oui, sans doute, si vous allez vers la rue Bretonneau.."
Nous reposâmes le combiné simultanément. Assez curieusement, ce petit bout de conversation m'avait donné l'impression de le connaître depuis toujours. . .
Effectivement, je le croisais au retour de l'école, nous échangeâmes un long regard de loin, mais il resta impassible en arrivant à notre hauteur. Grand, châtain moyen, le regard vert derrière des lunettes que je lui voyais rarement lorsqu'il était à la fenêtre, petite moustache et vêtements de style anglais, je lui trouvai belle allure. Au cours de la soirée, tout en me moquant de moi-même, je ne pus m'empêcher de regarder de temps à autre par la fenêtre et je pus constater la réciprocité. Ces fois-là, je vérifiais qu'il avait des lunettes. Elles lui étaient donc nécessaires pour bien voir de loin...
Extrait – pages 241 – 242
...Ma récente recherche, ne prouve que trop combien j'étais en manque de cet Amour, don total ! Je me faisais des reproches de ne pouvoir me contenter de ce que j'avais et parfois cette vie, sans horizon, me pesait lourdement.
- Dans cette période de clair-obscur, combien de fois ai-je retrouvé le rêve de mon enfance, commun pour le survole, à celui de ma grand-mère maternelle. Je volais dans un ciel de plus en plus sombre à mesure que je prenais des années Ce rêve je l'ai fréquemment refait jusqu'au 15 février 1981.
Ce mal d'existence me poussait naturellement au-devant de ce garçon que j'avais trouvé sympathique. La différence d'âge ne se voyait guère, comme il l'avait constaté lui-même par sa méprise pour mon fils. Il est vrai que même maintenant, l'on me donne toujours, sept à dix ans de moins que mon âge réel, et c'est également le cas de maman à 95 ans avec cependant maintenant, bien des maux, mais qui ont été tardifs pour elle, par rapport à bien d'autres personnes.
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Copyright by Micheleline Schneider Le Brun - Deuxième partie - Chapitre X - Une petite vie nouvelle - la séparation - Ne serais-yu pas un peu allumeuse ?
"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines"
Date de dernière mise à jour : 02/10/2024
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